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L'obligation du certificat de travail en Suisse: une absurdité?

Le certificat de travail est une coutume bien ancrée auprès des travailleurs suisses. Il est impensable de quitter un employeur sans ce document qui est même régi par la loi alors que nos collègues outre-frontières n’en parlent quasi pas.

C’est l’Art.330a du «Code des Obligations» qui régit le certificat de travail. Il informe que l’employé peut demander en tout temps à l’employeur un certificat portant sur la nature et la durée des rapports de travail, ainsi que sur la qualité de son travail et sa conduite. L’alinéa 2 mentionne que le certificat peut ne porter que sur la nature et la durée des rapports de travail et ce à la demande expresse du travailleur. 

Sur le site du «SECO», vous trouverez des «conditions formelles et matérielles» du type : 

  • Les appréciations doivent reposer sur les «critères usuels» 
  • «Complétude» 
  • Affirmations «véridiques» 
  • «Formulation bienveillante» mais dans le respect du devoir de vérité. Les faits négatifs peuvent être mentionnés dans la mesure où ils importent à l’évaluation globale du travailleur et qu’il ne s’agit donc pas d’incident isolés ou de faits anodins 
  • «Proscription des formulations ambiguës et du recours à langage codé» (par lequel des expressions apparemment neutres ou positives recèlent des messages négatifs à l’attention des initiés) 

Nous y voilà ! «Là est toute la problématique du certificat de travail.» Il ne doit pas être négatif afin de ne pas péjorer le futur professionnel de l’employé, ne doit pas être codé et doit en même temps dire la vérité. «Il devient alors extrêmement difficile de rédiger» ce type de documents en son «âme et conscience» et de façon professionnelle car il faut satisfaire la loi, l’employé, les caisses de chômage, les futurs employeurs. A en perdre son latin! 

Il en résulte des «dérives» sous forme de codage qui n’en est pas car interdit, des formulations neutres qui ne veulent plus rien dire précisément par trop de «neutralité», une succession d’adjectifs qui semblent décrire une «super star» et ce pour mentionner que la personne est un collaborateur dans la moyenne. Il arrive même que le collaborateur rédige lui-même son certificat. 

Beaucoup de personnes interrogent la «pertinence du certificat de travail» et j’en fais partie. Au final, je ne les lis plus lors des recrutements que je conduis car ils éveillent trop de questions auxquelles je n’ai pas de réponses. Je les joins toutefois à un dossier car ils restent importants pour une partie des personnes et je préfère prendre des références sur le ou les candidats finaux. 

Toutefois, «le certificat de travail reste un document de candidature essentiel» pour toute une frange de recruteurs, dirigeants, managers, assurances sociales, etc. Et pour ne pas être mal évalué par ces personnes, je conseille au travailleur qui sollicite un certificat de faire en sorte que le document soit rédigé le plus positivement possible (et à demander des modifications en cas d’insatisfaction), selon les « us et coutumes » afin que le lecteur soit rassuré à «sa pleine et entière satisfaction». 


Retrouvez-moi sur : 

www.humania.ch et sur Facebook. 


Références Code des obligations, art.330a. 

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