Conseils
Matilda va me piquer mon job!
Matilda est un robot, ou plus exactement un Partner Personal Robot, créé par un certain Rajiv Khosla. Matilda voit, écoute et parle. Selon son créateur, elle est même capable d’analyser les émotions de ses interlocuteurs et de s’y adapter. Il imagine ainsi que Matilda puisse aider au recrutement dans une entreprise. Je suis recruteur depuis de nombreuses années et c’est donc Matilda qui va me remplacer à moins que je ne m’adapte.
Pauline Tabet profile picture Rédigé par Pauline Tabet
Vous avez certainement entendu parler de la transformation digitale ou numérique de l’entreprise. Ici ou là, on peut lire que l’entreprise est en pleine mutation et que des milliers de postes de travail vont disparaître, ou encore que nous sommes à l’aube de la 4ème révolution industrielle et que les robots vont nous piquer tous nos jobs. Pour y voir plus clair, j’ai interrogé Aline Isoz qui accompagne des entreprises dans leur transformation numérique et qui milite pour un agenda numérique suisse. 

Aline, peux-tu nous définir ce qu’est cette fameuse transformation numérique de l’entreprise ? 
Les gens entendent souvent par transformation numérique, la transformation technologique. Cette dernière est en fait induite par la digitalisation des métiers et des process. Ce que l'on entend par transformation numérique, ce sont plus les comportements ou la culture qui ont été modifiés par cette technologie qui bouleverse nos vies depuis plus de 50 ans déjà ; c’est donc davantage une transformation culturelle et organisationnelle des entreprises qu’une transformation technologique, cette dernière en étant seulement le point d’origine. 

Quels seront les impacts de la transformation numérique de l’entreprise sur les employés ? 
Ce que nous vivons n’est pas vraiment nouveau : l’impact du digital est déjà présent partout autour de nous... Tout ou partie des process de l’entreprise et des métiers sont automatisés, nos modes de relation et de communication se sont également adaptés. On parle bien d’une révolution, mais nous sommes plus dans une espèce de progression ou d’évolution constante qui a été amenée par une autre révolution, celle de l’informatisation des années 70’, suivie par la miniaturisation des composants etc... Les gens se rendent compte aujourd’hui que les choses qu’ils faisaient avant prennent beaucoup moins de temps et que leurs obligations changent. Et la question que la plupart se posent est : que vais-je faire de ce temps gagné grâce à l’automatisation d’une partie de mes tâches ? 

Est-ce que c’est à l’entreprise de répondre à cette question ?
Une partie de la responsabilité en revient à l’entreprise car elle a notamment pour mission de maintenir l’employabilité de ses collaborateurs, mais l’autre partie revient au collaborateur. Avant, on pouvait se dire qu’on entrait dans une entreprise avec un cahier des charges et qu’il suffisait de suivre les indications. Dorénavant, les indications peuvent évoluer constamment et il faut accepter que tout soit en mouvement. Si l’on réfléchit bien, c’est comme ça depuis toujours, sauf que ça c’est en mode accéléré : là où on absorbait une révolution sur plusieurs générations, la même génération doit absorber plusieurs révolutions ! Cela exige des gens un nouvel état d’esprit, plus entrepreneurial, qui les pousse à se mettre à niveau seuls. Notre chance c’est que le numérique permet notamment de s’auto-former assez facilement, puisque l’accès à la connaissance dans notre pays n’a jamais été aussi libre. Ce que le numérique nous impose, c’est l’abandon de l’inertie et la remise en question permanente. Nous devons tous nous voir comme des apprenants permanents.

Quels conseils as-tu envie de donner à nos lecteurs? 
Soyez curieux et restez dans l’idée qu’il faut continuellement apprendre, et apprendre à apprendre ; les capacités d’adaptation et d’apprentissage seront deux des compétences-clés de demain, avec l’aspect relationnel. Et ces capacités ne sont pas liées au niveau intellectuel ou à la condition sociale de l’individu… Il faut aussi se mettre à penser « métier » avec un « S » dans une carrière non linéaire et se poser la question du risque autrement : quel risque je prends si je ne prends pas le risque de m’adapter ? 
 Merci Aline ! Bon, me voilà rassurée ! Et puis je me dis que notre espèce a déjà survécu aux trois premières révolutions industrielles et que quand les barbiers ont disparu, d’autres ont inventé et fabriqué des rasoirs électriques... D’ailleurs, on en voit de nouveaux des barbiers, non ?!... 

Aline Isoz est HR Digital Transformation Practice Specialist chez Aline Isoz.ch
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