Donner du sens à nos actions au travail permet d’inscrire notre réalité individuelle dans le projet d’entreprise, de comprendre à quoi nous contribuons, et d’en être fiers. Il est vraiment dommage que les visions et les missions d’entreprise soient le plus souvent de simples phrases alibi, inévitablement vécues comme du « bla-bla » par les employés. La mission devrait être l’élément qui rassemble tous les employés autour d’un but commun. C’est elle qui devrait donner le « sens » (et le « pour-quoi ») de toutes les actions. Ainsi, lorsque le Président John F. Kennedy dévoile, en 1961, son ambitieux programme de conquête de l’espace, il affirme : « Notre nation doit s’engager à faire atterrir l’Homme sur la Lune et à le ramener sur Terre sain et sauf avant la fin de la décennie ». Cette phrase célèbre constituera le fil rouge permanent de la Mission Apollo, guidant chaque action et chaque décision jusqu’à l’aboutissement du projet. Authentique et effectivement vécue, la mission est un vecteur de motivation puissant, et un outil de cohésion inégalable.
Au-delà de la mission d’entreprise, chacune et chacun d’entre nous peut également chercher et donner un sens à ce qu’il fait. Plus nous sommes conscients du « pour-quoi » nous faisons les choses, plus il nous sera facile de trouver de la motivation et de la satisfaction dans notre travail. Le sens que nous donnons peut être noble (p. ex : contribuer à améliorer les conditions de vie des réfugiés, aider à sauver des vies par des médicaments, …), mais il peut aussi être beaucoup plus pragmatique (p. ex : gagner de l’argent pour entretenir sa famille, pour s’offrir les vacances de nos rêves, …).
Dans tous les cas, la conscience du « pour-quoi » donne une énergie complètement différente. Dans les situations favorables, elle donne de l’intensité à nos actions. Mais le sens que nous donnons à ce que nous faisons peut aussi aider à s’accommoder (pour un temps en tout cas) de situations particulièrement stressantes ou difficiles.
La parabole des bâtisseurs de cathédrale (selon C. Péguy) illustre parfaitement cette idée, et je ne résiste pas à l’envie de la partager avec ceux qui ne la connaissent pas:
Il y a bien longtemps, un Voyageur qui cheminait à pied depuis plusieurs semaines en dehors de son pays rencontre au bord du chemin un Homme qui casse des cailloux. Or, il fait très chaud, et c’est donc avec surprise que le Voyageur s’exclame :
-Hé Ami, que fais-tu donc là ?
L’autre, renfrogné, lui répond:
-Hé, Etranger, tu ne vois donc pas ? Je casse des cailloux.
-Mais il fait très chaud, cela semble très pénible, pourquoi fais-tu donc ça ?
-Je n’ai pas de choix : il faut bien que je mange.
Et il se remet au travail, en haussant les épaules.
Un peu plus loin, le Voyageur tombe sur un deuxième Homme, qui casse également des cailloux.
-Hé, Ami, que fais-tu donc là ?
L’Homme lève la tête et répond :
-Hé, Etranger, tu ne vois donc pas ? Je casse des cailloux.
-Mais il fait très chaud, cela semble très pénible, pourquoi fais-tu donc ça ?
-C’est vrai, ce travail est pénible, mais ces cailloux me permettent de nourrir ma famille, et c’est bien ce qui compte, non ? Et il se remet au travail.
Encore un peu plus loin, le Voyageur tombe sur un troisième Homme qui casse des cailloux.
-Hé, Ami, pourquoi casses-tu des cailloux alors qu’il fait très chaud ?
L’Homme lève la tête, s’arrête un instant, lui fait un signe de tête en souriant, puis reprend son travail. Le Voyageur répète plus fort:
-Hé, Ami, réponds : pourquoi casses-tu des cailloux alors qu’il fait très chaud ?
-Pardonne-moi Etranger, je n’étais pas sûr de t’avoir bien compris. Je ne casse pas des « cailloux » : je bâtis des cathédrales !
Et il se remet de plus belle au travail.