Plus de 50% des Suisses sont stressés au travail. Manque de motivation, délais trop courts, manque de personnel, les causes sont multiples et propres à chacun. Parmi celles-ci, il y a les éternels insatisfaits, ceux pour qui rien ne va jamais; qu'ils changent ou pas de postes, ils n'y trouvent pas leur compte. 

Nous avons donc posé quelques questions à Valérie Bauwens (www.human-centricity.com), coach et ethnologue à Lausanne.

Un être humain peut passer plus de 8 heures par jour au travail. C'est triste de se dire que certaines personnes sont réellement malheureuses dans leur emploi. Dans ce cas que préconisez-vous?
D’abord essayer de comprendre les sources du manque de motivation : 

Mon manque de motivation vient-il de mon environnement de travail direct (ex. mes collègues), mes conditions de travail (ex. mon pourcentage de travail), de la nature même de mon travail, du secteur dans lequel je travaille ? 

Ensuite, on peut se poser la question des perspectives d’avenir : la situation peut-elle évoluer, à quelle vitesse ? Quels efforts devrai-je investir pour que cela change ? Il est important de faire la part entre ce que je peux influencer et ce qui est hors de mon pouvoir, ce qui est important pour moi ou pas. Il faut choisir ses batailles ! 

Est-ce que c'est à la portée de tout le monde de se remettre en question et de faire un travail pour évoluer dans sa vie professionnelle ?
Je pense que l’on est tous capables d’avancer dans ses réflexions seuls, mais il n’y a rien de tel que de confronter ses idées aux regards des autres. La perception que l’on a de soi peut aussi être différente de celle d’une tierce personne. Je rencontre par exemple beaucoup de personnes qui ont des difficultés à articuler leurs forces, leurs qualités, mais qui par contre se trouvent beaucoup de défauts. 

En tant que coach (www.bauwenscoaching.com), j’essaie de leur donner une vision plus globale d’eux-mêmes et d’ancrer plus profondément cette vision en eux. Je pousse également mes clients à réfléchir à des questions plus complexes et profondes comme «quelles sont nos valeurs, quelle est notre mission de vie ?» Selon mon expérience, on n’arrive pas à creuser ce type de question seul. 

Quelles sont les conséquences pour une personne si elle décide de ne rien faire pour changer la situation ou si ne se rend pas compte de son inconfort ?
Il est clair que plus on travaille dans de mauvaises conditions, plus on «brûle» son capital santé physique et morale. Cependant, ce qui me semble important, c’est d’être conscient du choix de vie que l’on fait. On peut sciemment décider de rester à son poste malgré des conditions peu motivantes pour mieux gérer d’autres priorités personnelles (ex. des enfants, régler des problèmes de santé). 

Valérie vous êtes ethnographe, coach et vous avez un background dans la gestion d'entreprise: vous arrive-t-il souvent d'être confrontée à des personnes tristes dans leurs vies professionnelles ? Concrètement comment les aidez-vous ? Combien de temps leur faut-il pour trouver leur emploi de rêve ?
J’interviens souvent dans des situations de crises professionnelles. Mon objectif est d’accompagner mes clients dans la découverte d’eux-mêmes, de leurs compétences, de leurs valeurs, de leurs motivations et aspirations profondes, et leurs conditions de travail idéales. Comment trouver un emploi de ses rêves si l’on ne s’est pas reconnecté à soi, ses envies et besoins? Nous regardons ensuite des pistes plus concrètes d’emplois. Il faut pour cela entre 4 à 8 séances. 

Trouver l’emploi de ses rêves, cela dépend de l’envie, de l’énergie de chacun, mais aussi de la chance ou de la chance que nous nous donnons. Je vois que certaines personnes se reconvertissent très rapidement et «par hasard». 

 Je repense à un dessinateur en bâtiment qui, au chômage, croise un ami qui lui propose d’encadrer des jeunes dans un foyer. Il adore ce nouveau travail et devient éducateur, pratiquement sans aucun effort. 

Mais la plupart des changements de carrière que j’ai pu observer sont le fruit d’une longue réflexion et d’un grand investissement pour essayer un nouveau métier, se former et finalement récupérer une certaine maturité sur le marché du travail. 

J’aime utiliser la métaphore du jardin. Votre vie professionnelle est comme un jardin. Vous devez prendre le temps d’y semer de nouvelles graines, faire grandir les plantes, goûter les nouveaux fruits et légumes qui y poussent et les mélanger pour en faire votre nouvelle soupe de vie. Il vous faudra peut-être quelques essais, du temps, courage et audace pour faire pousser les bons ingrédients et vous faire mijoter la soupe qui vous plaira. La soupe peut en valoir la peine. À vous de bien réfléchir et consciemment choisir. 

La vie est trop courte pour consacrer un tiers de ses journées à un travail inintéressant ! Réagissez maintenant !

Merci, Valérie, d'avoir partagé votre expérience et vos conseils avec nous.