Pas toujours facile de savoir qui on est dans un monde où nous n’avons plus le temps de rien. Axé sur le paraître, nous devons être attentifs à tous nos faits et gestes, nos moindres mots et attitudes sont passés au crible. Difficile d’être efficace dans votre travail quotidien en maîtrisant une image qui ne vous correspond pas et difficile de retirer une satisfaction du travail réalisé. Il en résulte burn-out and co.
Pour vous aider à oser être vous-même, j’ai posé quelques questions à Sylvie Volery de Quirao. Sylvie est coach et formatrice en leadership. Elle accompagne donc les entreprises dans des problématiques de gestion d’équipe, de conflit, de connaissance de soi et de communication avec ou sans le cheval.
1. Sylvie, qu'est-ce que cela signifie pour les collaborateurs d'oser être eux-mêmes dans leur entreprise avec leurs collègues et leurs responsables ?
En étant eux-mêmes, leurs collègues auront moins d’emprise sur eux, ils ne pourront pas jouer un jeu, celui-ci ne fonctionnera pas. Si les jeux de pouvoir ne fonctionnent plus, il n’y a plus de manipulation possible. Ainsi, les collaborateurs consacrent leurs énergies, leur créativité et leur temps à faire leur travail.
Les responsables et managers identifieront facilement les tâches qu’ils peuvent leur confier. Ils connaîtront les membres de leurs équipes, leurs forces et leurs faiblesses. Ils pourront ainsi former des équipes de projet sans doublon et sans perte d’efficacité et d’énergie. La motivation des collaborateurs s’en verra renforcée et les projets rencontreront plus de succès plus rapidement.
En fait, connaître ses collaborateurs, et s’ils sont réellement eux-mêmes, permet de prendre les bonnes décisions pour un projet ou une entreprise d’une part. D’autre part, elle favorise la santé physique, émotionnelle et donc financière de toutes les parties prenantes.
2. De quoi les collaborateurs ont besoin pour oser être eux-mêmes ?
Ils ont besoin d’un environnement permissif. Un environnement où ils ont le droit à l’erreur et où ils peuvent être, qui ils sont. Pas de jugement; au contraire, des encouragements à être créatif, à donner d’eux-mêmes. Un climat ouvert d’esprit et de confiance dans lequel les objectifs sont smart afin de faire avancer et réaliser un travail qui est utile (pas de brainstorming n’aboutissant à rien). Un environnement où on aime travailler avec la différence. Ce qui signifie qu’il faut accepter les autres modes de fonctionnement.
3. D’après votre expérience, est-ce que les managers et responsables, tous niveaux hiérarchiques confondus, sont eux-mêmes ?
Non. Ils jouent un jeu. Dans certains cas, ils se connaissent, mais n’osent pas être eux-mêmes de peur de perdre leur job… Il en résulte des burn-out. Le but est d’éviter ces absences à long terme et qu’ils soient épanouis dans leur travail, qu’ils aient plaisir à le faire. L’entreprise doit autoriser ses managers à aller à la découverte de leur potentiel. En identifiant leurs atouts, les responsables se transformeront en leaders qu’on a envie de suivre.
4. Quelles sont les conséquences pour l’entreprise si les employés n’osent pas être eux-mêmes ?
Au final, la dérive financière, après la perte d’efficacité, de compétitivité, mais avant un turnover trop élevé et inhabituel. Les signes précurseurs sont burn-out et absentéisme. Des cas de présentéisme aigus ont aussi été identifiés: des collaborateurs ne partant plus en vacances, ne récupérant pas leurs heures supplémentaires ou encore n’osant pas quitter leur travail le soir avant les autres.
Tout ceci par peur de perdre leur place, même si ce n’est pas réel. Un climat de malêtre se crée. Ces employés entrent dans un cercle vicieux. Ils ne sont plus efficaces, plus heureux, ont perdu confiance depuis longtemps et sont coincés dans un siège qui ne leur convient plus. Ils sont paralysés par une peur inexistante les empêchant de se vendre mieux dans l’entreprise ou d’aller voir ailleurs. Le meilleur baromètre de l’entreprise est les collaborateurs et leur bien-être. Il suffit à l’entreprise de les écouter.
5. Quelle est la démarche pour être soi-même ?
Je dirais qu’à un moment donné il faut se prendre en main. Après avoir bouquiné, il faudrait se diriger vers le développement personnel en coaching ou suivre des cours de développement personnel, voire certains cours de management… La première étape peut être de simplement demander à son environnement comment ils le perçoivent: les feedbacks 360 degrés se font régulièrement dans les grandes entreprises. En les consultant, on peut en tirer des pistes pour s’améliorer. Une simple discussion avec ses collègues dans un climat de bienveillance est déjà un très bon début. Votre meilleur indicateur: votre joie à réaliser certaines tâches! Faites le bilan de vos tâches quotidiennes et de votre plaisir. Vous y prenez du plaisir, c’est que vous êtes excellents! Plaisir et excellence font bon ménage dans votre travail de tous les jours.
6. Concrètement comment aides-tu les collaborateurs, les équipes et les managers à oser être eux-mêmes ?
Soit avec coaching individuel, soit avec une formation en leadership. Ce qui est bien avec le cheval, c’est que les jeux ne fonctionnent pas avec lui. Ainsi, collaborateurs et managers doivent être vrais. Ils apprennent à se connaître et à communiquer de manière cohérente. Ils identifient ensuite des pistes concrètes pour améliorer leur quotidien et oser s’affirmer et être authentiques.
Voilà déjà plusieurs pistes pour vous accompagner dans ce processus de changement. Pour cela, il faudra gentiment sortir de votre zone de confort pour entrer dans une zone d’apprentissage. La vie n’est-elle pas merveilleuse? Apprendre au quotidien, c’est magique!
«C’est toujours impossible, jusqu’à ce que ce soit fait» Nelson Mandela.
